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2017

Jeannine

"De toute façon, ce n'est pas son rôle"

Jeannine est une vieille dame de 82 ans vivant toute seule dans sa grande maison. Après avoir perdu son mari et avoir vu ses huit enfants partir un à un, elle se retrouve seule avec ses souvenirs, et une maison remplie d'histoires. Au fil de ses après-midi passés avec elle, Jeannine se livre de plus en plus et me raconte des événements marquants de sa vie de femme et de mère. Je découvre une femme forte, d'une grande gentillesse et d'une grande sagesse. Elle me relate ses petites histoire via les photos sorties tout droit de ses tiroirs et de sa mémoire. La guerre, la misère, certes mais aussi et surtout le bonheur que ses enfants ont pu lui apporter et ce pour quoi elle s'est battue tout au long de sa vie. Une vie remplie de rebondissements que je découvre à la suite des heures passées à ses côtés. Mais aussi le rôle prédéfini de la femme au foyer en passant par les critiques incessantes de son mari ou de sa belle-mère voilà ce qui rythmé sa vie. Comme elle me dit, elle n'a pas eu "une belle belle vie, mais y a pire". "Une maman généreuse, attentive, elle s'est toujours privée pour ses gosses" voilà ce que retiennent leurs enfants.

"Il m'a toujours mise plus bas que terre"

"Un beau souvenir tu dis?

J'en ai beaucoup avec mes enfants, mais celui

qui me rend heureuse est le retour de Fernand,

son retour de guerre"

"Tu sais après des centaines de lettres et la peur

au ventre de ne pas le voir revenir, enfin,

je le retrouve! Je l'ai vu descendre du train et là

c'était vrai, il était bien là, il était bien de retour...

J'ai compris bien plus tars que cette guerre l'avait

changé pour toujours. Je pense qu'il n'a jamais su se reconstruire après tout ce qu'il avait vu là bas.

Tu sais, il a vu des amis mourir à ses pieds"

"Combien de fois je le dis, je me
sens inférieure du fait que mon
mari Fernand m'a toujours mise
plus bas que terre,
"Tu ne sais rien faire" qu'il disait."
"Après qu'in se soit mariés,
il m'appelait la grosse, et
il parlait de moi en me rabaissant.
Il râlait si j'achetais quelque chose.
Il me narguait toujours avec des méchancetés."
"Je m'y habituais.
Je pense qu'il m'aimait,
mais à sa façon...
"Finalement, je ne peux pas dire que j'ai eu une
belle belle vie quand je repense à tout ça.
Mais bon après on s'y fait."



"Mon bonheur, c'est mes enfants"
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